Par Andrée Levasseur
Article publié sur Webzine Idéllo
Dans le corridor au 2e étage d’une école élémentaire de Kanata en Ontario, les élèves de la 3e année se préparent à prendre l’autobus à la fin de la journée. Ils s’empressent à mettre plein de choses dans leur sac à dos, même s’ils n’ont pas de devoirs ou travaux à apporter à la maison. Chaussures d’extérieur enfilées et chapeau en main, les élèves se mettent en rang sur la ligne bleue du plancher lustré de l’école. Les portes de casiers sont claquées brusquement et émettent un bruit qui résonne dans tous les sens. Du coin de l’œil, j’aperçois deux filles qui parlent ensemble. J’entends à peine leur conversation donc, je m’approche doucement vers elles et j’ai le sourire aux lèvres. L’élève racontait à sa copine qu’elle avait vraiment apprécié l’activité que j’avais proposée aujourd’hui pendant le cours de sciences. « Dans notre classe, on apprend en s’amusant. J’aime vraiment vivre des expériences! J’apprends de vraies choses. », dit la jeune fille à son amie. À ce moment-là, mon cœur d’enseignante fond instantanément. C’est exactement l’environnement d’apprentissage que je désire créer dans ma salle de classe.
Dans cet article, je tenterai de vous faire connaître ce qu’est l’apprentissage authentique et en quoi une approche d’enseignement axée sur les expériences permet de développer des compétences globales chez les élèves. Je vais également vous partager quelques idées de projets que vous pouvez mettre en place dans votre salle de classe.
La curiosité est le désir d’apprendre. C’est un désir d’explorer, de découvrir et de comprendre les choses qui nous entourent. Le désir interne d’apprendre d’un enfant, sa curiosité, le motive à rechercher de nouvelles expériences. Très tôt, un gamin apprend en faisant des essais et des erreurs. À l’école dans ses classes de maternelle et de jardin, il apprend en jouant, en observant et en socialisant avec les autres. Il construit son savoir et son savoir-faire en vivant des expériences riches et variées. L’enseignement par l’entremise de tâches authentiques devient dès lors une façon ludique d’apprendre.
Selon le projet Visible Knowledge (2009), on parle d’apprentissage authentique quand les élèves se construisent dans l’interaction avec des problèmes du monde réel. Le succès d’un projet authentique repose sur quelques facteurs :
L’apprentissage :
Comme l’indiquent Newmann, Marks et Gamoran (1995) dans leur article Authentic Pedagogy: Standards That Boost Student Performance, les réalisations authentiques ont une valeur en dehors de l’école : personnelle, esthétique, utilitaire, au-delà de la simple certification de la compétence de l’apprenant. Effectivement, je peux confirmer que le fait de diffuser un projet sur Internet augmente considérablement le niveau d’engagement chez les élèves et par conséquent, le rendement de l’élève est supérieur à une tâche où c’est seulement l’enseignante ou l’enseignant qui le voit.
L’approche pédagogique préconisée dans le cadre de l’initiative ICE (Innovation, Créativité et Entrepreneuriat) du Conseil des écoles publiques
de l’Est de l’Ontario (CEPEO) est celle qui place l’intérêt des élèves au centre de l’apprentissage. Ainsi, les apprenants développent des compétences globales en s’engageant dans des projets authentiques liés au monde dans lequel ils vivent. Ces occasions d’apprentissage par l’expérience ont pour effet de rendre le contenu du programme-cadre d’autant plus significatif pour eux.
Pour guider mes projets, je me réfère au cadre conceptuel élaboré par l’équipe de Bianca Girard, directrice des services éducatifs du CEPEO et Danielle Patry, chercheuse en milieu scolaire (ICE du CEPEO, 2018).
Pour rendre un projet disciplinaire authentique, il faut :
Les choix de projets que nous proposons en classe ont un impact considérable sur la motivation et la réussite des élèves. Voici quelques exemples :
Dans le cadre du cours de sciences et technologie de 3e année, les élèves ont été invités à effectuer une recherche sur une force naturelle. Sans préalablement avoir étudié les désastres naturels, les élèves ont choisi eux-mêmes leur sujet. Je les ai guidés dans leur recherche en leur fournissant des pistes de réflexion (un cadre). Nous avons également discuté du métier de météorologue et des qualités d’un bon communicateur. Nous avons aussi visionné des vidéos de météorologues en action. À la suite du visionnement, les élèves ont dégagé les critères de réussite d’un bon reportage. Ensuite, ils sont passés à l’action! En direct de notre classe, les élèves ont présenté une force naturelle devant un mur vert. Motivés et engagés tout au long du processus, les élèves ont livré un bulletin météorologique qui rayonnait de fierté.
Ma collègue Camille Boudreau et moi croyons que l’utilisation de la baladodiffusion (podcasting) au service de l’apprentissage et en tant qu’apprentissage permettra aux élèves de développer des habiletés en communication écrite et orale, de parfaire leurs habiletés liées à l’art oratoire, de développer des habiletés numériques, de créer du contenu pour un public authentique et divers, ainsi que de développer chez les élèves les compétences globales. De cette façon, les élèves sentent que leurs idées sont valorisées, ce qui au fil du temps les aide à accroître leur confiance personnelle et à adopter un état d’esprit de développement en ce qui a trait à leur propre apprentissage (Dweck, 2006). Cette année, chaque élève choisira un thème qui les passionne et il devra en faire un enregistrement vocal. Ainsi, notre projet permettra de donner véritablement la voix aux élèves.
En guise de conclusion, je crois fortement que l’apprentissage authentique, par le biais de projets interdisciplinaires engageants, permet foncièrement aux élèves de maîtriser des compétences globales inhérentes au monde du travail et d’acquérir un savoir-faire technique et technologique pratique.